- Éditeur
- Les Ateliers du Boucaou
- Auteur(s)
- S. d'Ornano
- Année de parution
- 1999
- Nombre de pages
- 101
Le pain qui y repose est comme la terre sous la voûte du ciel. Les éclats des braises, enfouis dans la cendre, sont autant d’étoiles. Construire un four, c’est toujours tenter de reconstruire le monde. Et reconstruire le monde n’est jamais une aventure banale.
L’histoire des fours à pain a pourtant longtemps été liée à la « banalité » ; à l’article « four », on trouve dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert 1779 un violent réquisitoire sur : Le four banal est le four public d’une communauté ou d’une seigneurie et où les habitants sont obligés d’aller faire leur pain. La banalité des fours est un reflet de l’anciendroit féodal qui subsiste encore. L’on apporte des raisons fort spécieuses pour colorer la banalité des fours…
”Le débat révolutionnaire sur l’injustice de la banalité des fours à pain, associée aux privilèges féodaux, est-il encore d’actualité ? Certes, nos fours de campagne, le plus souvent laissés à l’abandon, ne sont plus attachés à un quelconque droit banal ; mais la banalité subsiste encore, elle s’est seulement déplacée sur d’autres moyens de production.
La restauration d’un four à pain ne vaut que pour le pain partagé. Faire revivre un four à pain, se retrouver le temps d’un repas autour de sa masse de terre chaude, participe à l’ambition déraisonnable de tuer un peu la banalité de notre monde, où le pain n’est pas toujours équitablement réparti. Faire revivre un four est une opération aussi transpirante que joyeuse ; le bon maçon se juge tant au pied du mur qu’à sa faculté inépuisable à blagasser et nous nous permettrons parfois de l’imiter pour combattre les “...raisons spécieuses utilisées pour colorer la banalité des fours...”.